• En début de carrière, on peut osciller entre :

    - je corrige tout (certains y voient la pression des parents reportée sur l'enseignant(e), reportée à son tour sur l'élève),

    - je corrige le minimum (les corrections, ils ne les relisent pas, ça ne sert à rien, alors je ne corrige que les évaluations, c'est déjà bien suffisant).

    Voici mon fonctionnement, qui est je pense celui de beaucoup d'enseignants (mais vous pourrez me dire si c'est le vôtre dans les commentaires).

    - Les phases de recherche se font sur le cahier d'essai, sur l'ardoise ou sur une grande feuille pour les mises en commun. Sur ces dernières, je corrige l'orthographe si possible avant l'affichage. La mise en commun/ correction du contenu est collective, et les élèves corrigent leur recherche individuelle au stylo vert. Je circule et les aide à rectifier leurs erreurs s'ils ne les voient pas.

    - Les traces écrites sont systématiquement corrigées. Les feuilles ne partent pas à la maison sans que je les ai vues, tout le monde n'a pas la chance d'avoir un parent capable de rectifier les erreurs de copie.

    - Les exercices d'entrainement ou de réinvestissement sont systématiquement corrigés, et presque toujours appréciés : TB, B, AB, vu. Certains points peuvent faire l'objet d'une correction collective ou en petit groupe (je prends 6 élèves, pendant que d'autres avancent sur des exercices de réinvestissement pour le moment inaccessibles aux 6 élèves en question. Cela peut arriver avec une moitié de classe aussi). L'idée et de permettre à ceux qui se sont trompés de verbaliser leur procédure, de la confronter à ceux qui ont eu du mal mais pas forcément au même endroit, pendant que ceux qui ont réussi sont occupés sur un bonus en maths par exemple, et ne vont pas ainsi souffler toutes les réponses et bloquer la réflexion de leurs camarades. Différenciation, quand tu nous tiens...

    En CM1, j'encourage aussi les élèves à se corriger seuls avec leurs outils, après que j'ai vu le travail, en orthographe en particulier. C'est vrai que les élèves ne vont pas se corriger tout seul, spontanément. Parce que ça s'apprend et qu'il faut leur laisser le temps de revenir sur leurs erreurs. Pas la peine non plus d'y passer la semaine, il arrive un moment où ça ne sert plus à rien, mieux vaut recommencer l'exercice une prochaine fois !

    Par manque de temps, il peut arriver que je me contente de faire une correction collective sans regarder individuellement le travail (je vis dans le monde réel des enseignants qui gèrent une classe et ses imprévus...). Cela reste exceptionnel. Les élèves ont besoin de sentir l'intérêt porté à leur travail, et j'ai besoin de voir leurs progrès et leurs difficultés pour ajuster les séances suivantes.

    - Les évaluations sont bien sûrs corrigées, en références avec les compétences et avec ces notations : A (acquis), AR (acquis à renforcer), CA (en cours d'acquisition), NA (non acquis). En fin de trimestre, je reporte le tout dans un bulletin, où les élèves colorient les cases pour rendre la lecture plus facile (pour eux comme pour leurs parents) : vert/jaune/orange/rouge. Dans les outils pour le maître/CE2, j'ai mis un exemple de livret que j'ai utilisé.

    Quelle couleur utiliser ?

    Le rouge a quelque chose d'agressif, certains collègues lui préfèrent le turquoise, le violet... Pour une question pratique, je garde le rouge qui se repère bien pour focaliser l'élève sur ses erreurs. Et j'essaie de penser à changer de stylo quand j'écris aux parents...

     Quels commentaires écrire ?

    Je pars du principe que l'élève a voulu bien faire, n'a pas nécessairement cherché à bâcler son travail et a certainement appris sa leçon. Dès lors, on ne peut qu'être bienveillant. Je peux ainsi écrire :

    - "Comment as-tu appris ta leçon ? Il faut peut-être chercher une autre manière" (nous avons des discussions méthodologiques dans la classe), ou "leçon à revoir", plutôt que "leçon non apprise".

    - "Erreur de consigne" plutôt que "Tu as fait n'importe quoi".

    - "Il faut essayer de travailler plus vite" plutot que "Arrête de rêver !"

    - "Concentre-toi et tu y arriveras" plutôt que "Arrête de bavarder !" (par contre je peux le dire, ça !)

    - "" plutôt que "travail sale".

    Naïve ? Peut-être. C'est surtout que je ne suis pas avec l'élève quand il est enfant dans sa famille, je ne sais pas ce qui se passe. Peut-être travaille-t-il vraiment, mais dans le bruit, sans aide, sans méthode ?

    Alors je chausse ça sur mon nez pour les regarder :

    Les corrections : quand, comment, pourquoi

    Et je passe de meilleures journées avec mes élèves !

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