La question des sorties est régulièrement débattue dans les écoles.

Pour les parents, il n'y en a pas assez, plus rarement il y en a trop.

Certains inspecteurs affirment que le rôle de l'école n'est pas de sortir les enfants, qu'il y a les centres de loisirs ou les familles pour ça.

La prise de responsabilité est grande, l'administratif parfois lourd (surtout pour les sorties avec nuitées), certaines familles plus qu'exigeantes avec les adultes s'occupant de leurs enfants, et tout cela décourage de plus en plus les enseignants.

Alors, pourquoi sortir ?

Personnellement, l'école m'a ouverte à la culture, car dans ma famille si l'on choyait les enfants, on sortait peu, on ne faisait pas de tourisme, on ne fréquentait pas les musées, les cinémas ou les salles de spectacle. Cela ne faisait pas partie de nos habitudes, heureusement que des enseignants m'ont fait découvrir ces lieux et ont ainsi élargi mon univers.

Aussi j'estime qu'amener mes élèves en sortie fait partie de ma mission d'enseignement, ce que ne nient pas les textes officiels. Voici un petit article guide pour celles et ceux qui se lancent pour la première fois.

Un cadre à respecter

Le hors série n°7 du BOEN de l'année 1999 modifié le dit très bien :

"L'école est le lieu d'acquisition des savoirs. Elle est ouverte sur le monde qui l'entoure. C'est pourquoi les enseignant(e)s organisent des activités à l'extérieur de l'école." 

(Re)lire ce BO rafraîchit bien la mémoire, et rappelle quelques détails essentiels quand on souhaite sortir avec ses élèves :

1. La sortie doit être en lien avec les apprentissages. Alors on réfléchit bien à ses objectifs pédagogiques quand on envisage de partir, en particulier en parc de loisirs : qu'est-ce que mes élèves vont y apprendre et est-ce vraiment en lien avec le programme ?

2. Le temps de trajet aller-retour ne soit pas dépasser le temps d'activité lui-même (c'est trop loin ? Pourquoi ne pas envisager une sortie avec nuitée(s) ?)

3. Une sortie sur le temps scolaire est obligatoire, une sortie qui dépasse le temps scolaire (comme une journée qui comprend le temps entre midi et deux) est facultative : il faut demander l'autorisation aux familles en les informant de ce qui va être vécu par les élèves. J'en profite toujours pour dire qui règle quoi (le bus par la Mairie -leurs impôts-, les entrées par la coopérative -leurs cotisations-...), ce qui est apprécié par les parents - les financeurs. 

4. Par respect pour les familles, il est souhaitable de limiter les coûts et de respecter les horaires annoncés (prévoir l'imprévisible, +15' sur chaque trajet minimum).

Où amener les élèves ?

Dans l'idéal, on cherche une sortie en lien avec une séquence d'apprentissage à venir ou en cours. Généralement, en Histoire ou en Histoire des arts, en Sciences (lieux de vulgarisation comme sorties en nature), mais aussi en Éducation physique et sportive ou pour fournir une occasion d'écrire ou de lire aux élèves, donc en lien avec la Maîtrise de la langue.

Dans les faits, et puisque le bon sens et les textes dictent de sortir dans l'environnement proche, on peut aussi commencer par faire l'inventaire des lieux intéressants à faire découvrir aux élèves. Alors on prend le temps de discuter avec les collègues, avec la dame de l'office du tourisme du coin ou avec la secrétaire de Mairie.

Des sites peuvent aider :

- celui de l'OCCE, en Gironde l'OCCE 33, propose un inventaire de lieux visités précédemment par des collègues. Au passage, l'OCCE peut aider à financer des projets (de sortie ou autres) en s'y prenant tôt dans l'année.

- les offices de tourisme du secteur sont à explorer, on y déniche des lieux oubliés.

- les forums d'enseignants comme EDP sont aussi des lieux d'échange, où on peut aussi avoir des avis négatifs sur un lieu, c'est toujours bon à savoir !

- on pense aussi aux monuments nationaux, avantageux car peu chers (30 € par classe pour visiter l'abbaye du secteur par exemple). Une bonne approche pour le programme d'Histoire ou d'Histoire des Arts.

- même chose pour les musées régionaux, souvent gratuits, ou de 2 à 10 € suivant les ateliers proposés. En Gironde, le musée d'Aquitaine est incontournable pour approcher concrètement le programme d'Histoire. Ne pas rater la date d'ouverture des visites, au début de chaque trimestre ! Mais il peut rester des dates, il faut toujours tenter sa chance...

- les lieux de vulgarisation scientifique sont un bon moyen d'ouvrir un sujet en Sciences, ou de l'approfondir. Cap Sciences, le musée d'Histoire Naturelle (qui se déplace en attendant sa réouverture en 2016), les fermes pédagogiques, la Maison de l'eau... ou même des lieux naturels (une mare, une forêt, des bords de mer) enrichissent une séquence.

- les rencontres sportives (de l'USEP ou organisées entre écoles) sont un bel aboutissement dans un cycle d’Éducation Physique et Sportive.

Comment organiser une sortie à la journée ?

C'est votre première fois et vous craignez d'oublier quelque chose ? Une liste check up pour vous guider :

- Vérifier qu'il y a bien le budget pour le bus comme pour les entrées. C'est tout de même plus raisonnable avant de s'engager... je le répète l'OCCE aide et les PEP aussi (à condition d'être adhérant bien sûr).

- Réserver une date sur la structure, en définissant clairement ses attentes en cas de visite avec un guide

- Faire faire des devis très en avance dans les compagnies de bus desservant le secteur de l'école en annonçant bien les horaires (histoire d'éviter le jour J "mais je dois ramasser le collège" qui nous oblige à rentrer plus tôt que prévu...), le nombre d'élèves et d'adultes à déplacer, les adresses exactes.

- Une fois le devis choisi, confirmer la demande et faire engager par la mairie si c'est elle qui finance.

- Faire la demande d'autorisation de sortie dans les délais de son département auprès du directeur.

- Faire passer la demande d'autorisation aux parents au moins 10 jours à l'avance (ou une information si c'est sur une demi-journée), faire un rappel la veille (surtout s'il y a un pique-nique à prévoir !).

- Trouver des accompagnateurs compétents : au risque de se brouiller avec la maman de PetitChéri, la sécurité c'est notre responsabilité, alors on choisit avec les conseils des collègues des classes précédentes (ou on fait croire à un tirage au sort qui tombe bien).

- Au niveau pédagogique, on travaille sur ce qui va être demandé avant, pendant, et après la visite. Quel(s) objectif(s) visé(s), quel(s) savoir(s) à posséder/à acquérir ? Quel matériel pendant la visite à exploiter pendant et après ? Car après tout, on ne part pas en balade mais bien pour apprendre quelque chose. Une chose est sûre, il vaut mieux que les élèves aient quelque chose à faire : un croquis, un livret-guide, répondre à des questions posées par l'enseignant...

- Le jour J, on n'oublie pas : le cahier d'appel, les fiches d'urgence (dans les écoles où on n'a pas oublié cette brochure concernant l'hygiène et la sécurité dans les écoles), les PAI et les médicaments qui vont avec, la trousse à pharmacie (obligatoire en sortie nature, je la conseille pour toute sortie : les pharmacies des lieux d'accueil ne sont pas forcement bien garnies, quand elles existent). On prend aussi le matériel support de visite (carnets, cahiers, blocs note, crayons, gommes...) et l'appareil photo. Et puis aussi le numéro de la structure d'accueil et de son école, ça peut servir en cas de retard ou de souci.

- On prend aussi un plan, pour le chauffeur. Ben quoi, vous n'avez jamais eu de chauffeur sans GPS et/ou qui ne savait pas où il allait, vous ?... moi si...

- Profiter de la sortie avec ses élèves ben non, c'est eux qui profitent : vous, vous devez compter, compter, et recompter les élèves (et les accompagnateurs...), surveiller, cadrer ce petit monde. Veiller à la prise de note, à ce qui sera exploité en classe...

 Et après ?...

Et bien on souffle, on remercie qui on veut pour cette sortie qui s'est bien passée et on attaque l'exploitation et la suite du projet : un compte-rendu, une trace écrite ouvrant ou renforçant les savoirs en jeu, si possible avec une belle valorisation (journal, blog ou site d'école, expo).

Et on recommence dès que l'occasion se présente. Car le moment de vie est bien là, et le souvenir laissé pourrait bien, des années plus tard, conduire les enfants devenus adultes à nouveau dans ces lieux, ou dans d'autres similaires, avec leurs propres enfants.

Ou avec leurs propres élèves.